Du chat sauvage au chat domestique

Qui est l’ancêtre du chat domestique ?

Toutes les races de chats descendent d’une seule espèce, le chat sauvage, felis silvestris, présent dans le monde entier. Une étude a montré que la majorité des chats domestiques sont les descendants d’une sous-espèce de felis silvestris originaire du Proche-Orient : felis silvestris lybica.

Il existe plusieurs sous-espèces du chat sauvage felis silvestris :

  • felis silvestris silvestris, le chat sauvage d’Europe ou chat forestier qui peuple un vaste territoire allant de l’Europe continentale jusqu’à la Turquie ;
  • felis silvestris ornata, le chat sauvage d’Asie ou chat orné qui peuple l’Asie du sud-ouest ;
  • felis silvestris bieti, le chat des montagnes chinoise ou chat du Biet qui peuple la Chine ;
  • felis silvestris cafra, le chat sauvage d’Afrique australe peuple l’Afrique du Sud ;
  • felis silvestris lybica, le chat sauvage d’Afrique ou chat ganté qui peuple le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

On peut même aller plus loin en disant que notre chat domestique est issu de 5 femelles de l’espèce Felis silvestris lybica. En effet, une étude de 2007 dirigée par Carlos Driscoll, du laboratoire de diversité génétique du National Cancer Institute aux États-Unis, a conclu cela après avoir récolté l’ADN de 979 chats aux quatre coins du monte et l’avoir comparé l’ADN de centaines de chats domestiques.

Felis silvestris lybica, le chat ganté

Le chat sauvage d’Afrique est la seule sous-espèce de chat sauvage ayant été domestiquée car, le chat sauvage d’Europe et le chat des montagnes chinoise ne tolèrent pas la présence des humains. Les chats sauvages d’Afrique australe ou d’Asie du sud-ouest auraient aussi pu être domestiqués mais le chat sauvage d’Afrique peuplait déjà le Proche-Orient lorsque les hommes y ont développé l’Agriculture. Les chats qui descendaient de felis silvestris lybica ont suivi les hommes lorsqu’ils migraient vers de nouvelles régions. Si ces chats domestiqués du Proche-Orient n’étaient pas arrivés en Afrique et dans le reste de l’Asie, les chats sauvages indigènes auraient probablement été domestiqués lors du développement de la civilisation dans ces zones. Il est difficile de savoir combien de temps a été nécessaire pour l’apprivoisement de ce chat.

Bien que ressemblant à nos chats domestiques, le chat ganté a les pattes un peu plus longues, des oreilles plus grandes, des anneaux sur la queue et des coussinets noirs, il est aussi un peu plus petit pouvant peser entre 2,4 kg et 6,4kg. Ce chat, tout comme les chats harets (chat domestique retourné à l’état sauvage ou semi-sauvage) qui peuplent nos villes et nos campagnes, peut vivre en groupement avec ses congénères et même cohabiter avec les humains. Le chat ganté à une alimentation opportuniste, il se nourrit des petits animaux qu’il trouve autour de lui : rongeurs, lapins, lièvres, oiseaux, etc. Felis silvestris lybica aime vivre dans un environnement très chaud, il peuple donc une grande partie de l’Afrique excepté le Sahara et les forets tropical humide, le Moyen-Orient ainsi que l’Inde et l’Asie centrale. Très bon grimpeur, il monte aux arbres en cas de menaces.

Quelques différences au niveau de l’ADN

Notre chat domestique ne serait que semi-domestiqué. L’ADN d’une espèce peut dévoiler son état de domestication. La comparaison entre l’ADN de chats domestiques et l’ADN des chats sauvages montre que les différences sont assez faibles. Par exemple, la principale différence entre les chats sauvages et les chats domestiques, concerne les gênes du comportement liés à la mémoire, à la peur et à la recherche de récompenses. Ce dernier comportement est considéré comme étant l’un des plus important dans le processus de domestication. L’hypothèse émise est que le chat à qui les humains apportaient des récompenses sous forme de nourriture lorsqu’il restait autour des villages pour éviter les invasions de rongeurs, a ainsi été incité à rester proche des humains. Quant aux humains, ils préféraient que les chats soient dociles.

En 2007, l’Institut national de recherche sur le génome humain a débuté un projet de séquençage du génome du chat afin d’étudier leurs maladies héréditaires, « L’analyse comparative du génome du chat domestique révèle des signatures génétiques sous-jacentes à la biologie et à la domestication féline ». C’est le génome d’une chatte Abyssin nommée Cinnamone qui a servie de référence à cette étude. Ce chat a été choisi car il avait une maladie oculaire dégénératives que les chercheurs souhaitaient étudier mais aussi car il été possible de retracer sa lignée sur plusieurs générations. Dans le but de mieux comprendre les caractéristiques de la domestication, les chercheurs ont séquencé le génome de chats de race pure.

La couleur, la texture, le motif du pelage mais aussi la structure du visage et la docilité du chat font parties des caractéristiques de leur domestication. Ils ont aussi étudié le génome d’autres mammifères tel sque le tigre, le chien, l’humain et la vache. Les différences trouvées dans le génome de ces chats participent à expliquer pourquoi les chats sont presque exclusivement carnivores ou encore comment leur vision et odorat diffèrent de celles d’autres animaux comme le chien par exemple.

Les chats étant des carnivores, leurs repas sont riches en viande et en graisse, ils ont besoins d’enzyme (codée par des gènes) pour dégrader efficacement les graisses. Les chercheurs ont découvert chez le chat, le tigre et d’autres carnivores, des gènes particuliers servant au métabolisme de graisse, ces gènes changeants plus rapidement, ne peuvent pas être expliqués par le hasard. Ces changements rapides montrent que la présence de ces gènes donne un avantage aux carnivores consommant uniquement des protéines animales. Les humains et les vaches qui ont une alimentation plus variée n’ayant pas besoin de ce type d’amélioration, ne présente pas de telles modifications au niveau de ces mêmes gènes.

Le chat ayant peu besoin de son odorat pour chasser, contrairement au chien, présente moins de gène responsable de l’odorat que ce dernier. Par contre, ils ont trouvé plus de gènes servant à l’identification des phéromones, permettant au chat de surveiller son environnement social et notamment de trouver individus de sexe opposé. L’ouïe des chats est aussi meilleure que celle de la plupart des carnivores, ils sont notamment capables d’entendre des ultrasons, leurs permettant de suivre leurs proies. Ils ont aussi une excellente vision en basse lumière, cela explique pourquoi ils sont plus actifs à l’aube et au crépuscule. L’évolution de gènes spécifiques est à l’origine de ces particularités permettant aux chats de chasser plus facilement lorsque la luminosité est faible. Les gènes ayant été les plus modifiés au cours de la domestication du chat sont ceux impliqués dans la croissance et le développent neuronale, dans la physiologie du cerveau et des neurotransmetteurs. L’hypothèse est que ces changements ont permis au chat de devenir plus docile et de mieux interagir avec les humains.

Le génome des chats domestiques a peu changé depuis leurs séparations des chats sauvages, néanmoins, il est tout à fait possible de voir les preuves de la domestication récente de l’espèce.

Sources

CHAT GANTÉ. (s.d.). Récupéré sur Museum national d’histoire naturelle: https://www.mnhn.fr/fr/chat-gante
Claudio Ottoni, e. a. (2017, juin 19). The palaeogenetics of cat dispersal in the ancient world. NATURE ECOLOGY & EVOLUTION.
CORNIOU, M. (2015, juillet 21). Domestication du chat: Comment un félin est devenu matou. Récupéré sur Québec Science: https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/comment-un-felin-est-devenu-matou/
Juliet Clutton-Brock, e. S. (2009, octobre 1). Les premiers chats apprivoisés. POUR LA SCIENCE(384).
Pageat, P. (2012). Traité rustica du chat. Paris: Editions Rustica.
Remerowski, G. (2014, novembre 10). The cat meow genome reveals clues to domestication. Récupéré sur Université de Washington in Saint-Louis: https://source.wustl.edu/2014/11/the-cat-meow-genome-reveals-clues-to-domestication/

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